Les années 1980 et 1990 ont vu un regain d’intérêt inattendu pour l’histoire et pour le réel dans la littérature de fiction à travers le monde. Ce renouveau n’est pas un simple retour du balancier historique. Bien que la littérature contemporaine prenne pour sujet les événements historiques qui ont marqué le siècle dernier – les deux guerres mondiales, les régimes totalitaires –, cet intérêt pour l’histoire ne signifie pas automatiquement une rupture franche avec les esthétiques des années 1950-1990. Le retour aux “choses” ne se confond pas avec l’abandon des “mots”. Il révèle plutoot une métamorphose et une adaptation des principes politiques revendiqués par le mouvement structuraliste aux réalités d’une fin de siècle. Dans la littérature contemporaine, la complexification de la structure narrative, la fragmentation, le collage et le montage, la multiplication des voix narratives – techniques héritées des avant-gardes – semblent servir de soutien esthétique à une relecture du passé héritée du discours théorique des années 1960-1990, qui se propose de “déconstruire” les récits “officiels” de l’Histoire nationale accordant un intérêt toujours grandissant à la question des minorités et des vérités “alternatives”. La présente publication fait suite au colloque “Jeux d’Histoire”, qui s’est tenu à Sienne les 17 et 18 mai 2019. Organisé par l’Université de Sienne, l’INALCO et Sorbonne Université, il était consacré à une…