Mehdi Charef a donné impulsion en 1983, avec Le thé au harem d’Archi Ahmed, au mouvement culturel beur. Avec Le Harki de Meriem, La maison d’Alexina, À bras-le-coeur, Karima le jeune ouvrier s’est ensuite armé sur la scène internationale en tant que réalisateur, scénariste et dramaturge. Son enfance en Algérie, quittée en 1962 pour rejoindre son père qui travaillait comme ouvrier en banlieue parisienne, revient dans ses ouvrages qui font connaître la douleur, l’exclusion, le désarroi dans les cités de transit au cours des années 1960 et 70, avant la “fracture sociale” : dans les bidonvilles encerclant Paris vivaient des classes ouvrières toutes origines mêlées, parmi lesquelles les familles algériennes débarquées en France pour fuir la guerre. Deux aspects caractérisent sa poétique : le point de vue dégagé du vécu de ses adolescents-protagonistes et l’épaisseur intersémiotique des descriptions. La représentation de Charef dans La maison d’Alexina en constitue le chire spécique : elle dépasse la dénition “beur” par la “monstration” de l’acte de langage en interlocution avec les postures dans l’espace, les conits ou les relations authentiques au bout d’épreuves diciles. Ces paradigmes s’articulent avec des “vues plastiques” où le signiant formel redénit le contexte. Les jeunes comme Charef, issus de la deuxième génération maghrébine, ont été les premiers à fréquenter l’École française: ce roman, bien qu’il possède des aspects autobiographiques à valeur de…